L'alimentation circadienne
Ne vous privez plus,
maigrissez
Article paru dans le magazine
Santé Fitness Octobre 2004
Après les mois Bikini et tenues légères, voici venu le temps du camouflage automnal qui va de pair avec un relâchement des assiettes. Les kilos (re)pris donneront lieu à une lutte acharnée au printemps, pas forcément payante et surtout déséquilibrante pour l'organisme. Et s'il existait une stratégie pour arriver à une stabilité du poids ? Sans se priver ! Un régime qui fait appel au bon sens de votre horloge interne. Bienvenue dans l'ère de l'alimentation circadienne !
Je suis inquiète… j'ai 38 ans, et depuis 8 ans, je fais mon traditionnel régime en vue de l'été. Je lis tous les magazines et je choisis le régime le plus tendance ; c'est à dire celui qui paraît miracle cette saison-là . Alors, c'est vrai, je perds environ 5 kilos, mais j'en regagne chaque fois plus à l'automne… Résultat : j'ai quasiment 13 kilos de plus que lors de mon tout premier régime. Actuellement, je pèse environ 67 kilos pour 1m 63. Pourtant, je me suis privé de plus en plus ! ce qui me fait râler, c'est que je n'en n'avais pas vraiment besoin quand j'ai commencé ce cycle infernal… ". le témoignage d'Estelle, sportive par ailleurs, pourrait être celui de très nombreuses femmes prises dans cet engrenage du poids yo-yo, avec tout ce que cela implique au niveau esthétique (cellulite, relâchement cutané…), fatigue et confiance en soi… De plus en plus de spécialistes de la diététique remettent en cause les fondements même des régimes hypocaloriques, qui font fatalement perdre du poids à court terme, mais mène à une inévitable reprise du poids initial… lesté de quelques kilos supplémentaires ! Le Dr Gilles Demarque (nutritionniste à la clinique du Rond Point des Champs Elysées- va plus loin : " la diététique actuelle, basée sur une approche arithmétique du comptage des calories, fait fausse route. La solution aux problèmes pondéraux réside dans une approche circadienne de l'alimentation ". Son livre, la faim des régimes(1), fait figure de pavé dans la mare, tant il bouleverse les conceptions habituelles de l'alimentation et des régimes. Mais il se base sur des années d'expérience clinique au cours desquelles il a élaboré sa méthode, le régime progressif dissocié, privilégiant le plaisir de manger… et même le respect des excès ! mais ce régime prône surtout un équilibre alimentaire à cultiver au jour le jour. Jour après jour.
Grossir en faisant régime…
Le problème des régimes hypocaloriques, c'est qu'ils veulent faire perdre du poids à tout prix, suivant la tyrannie actuelle de l'image dans le miroir… Or, perdre du poids est facile, c'est de ne pas le reprendre qui est difficile ! Quel que soit votre régime, vous perdrez 3 kg la première semaine pour peu que vous réduisiez de 50% le nombre de calories que vous ingurgitez. Pourquoi, alors, cet échec à long terme de la majorité des régimes ? Pour le comprendre, il suffit de comprendre comment l'organisme fonctionne et assure le suivi des fonctions vitales. Lors d'un régime restrictif - ou dans le cadre d'une alimentation déséquilibrée - l'organisme adaptera le fonctionnement du corps à l'énergie disponible (ralentissement de toutes les fonctions motrices ou cérébrales, hypothermie…). Il cherchera alors d'autres sources d'énergie (C'est là que la masse musculaire fond !) et surtout il voudra stocker d'avantage de graisses au(x) repas suivant(s), dans un réflexe de survie, au cas ou vous le priveriez encore… N'oubliez jamais que le stock d'énergie est indispensable à la vie ! En revanche si votre organisme est rassuré par un comportement adapté, il libérera les graisses et n'en stockera pas plus que nécessaire. Ouvrez bien les yeux… "En d'autres termes, si dans le cadre d'une alimentation équilibrée et régulière, on fait un excès ponctuel au moment d'un repas ou en dehors d'un repas, le tissu adipeux éliminera ce surplus d'énergie sous forme de chaleur et ne le stockera pas, car il n'est pas en situation de danger " explique le Dr Demarque. L'organisme aura confiance, sachant que vous le nourrissez régulièrement…Oui, vous avez bien lu : vous pouvez vous autorisez quelques (petits) excès (il ne faudrait quand même pas exagérer !), pour peu qu'ils soient suivis d'une reprise d'une alimentation équilibrée et régulière. Abandonnez, donc ce réflexe de vous priver suite à une petite folie des papille : le résultat n'en sera que pire !
24h pour faire le pire
Il faut savoir que l'être humain, comme tout organisme vivant, est soumis à des rythmes vitaux qui règlent son fonctionnement interne. Le rythme circadien signifie " à peu près un jour ". L'unité de temps biologique est donc la journée, et l'organisme gère son énergie comme un banquier ; son bilan est journalier. " La journée biologique ne commence pas à minuit mais le matin à l'éveil, après un cycle éveil sommeil. Et la stabilité ne peut se concevoir que dans la reconnaissance d'une régularité alimentaire au cours de cette période durant environ 24 heures jour après jour, semaine après semaine ", précise le Dr Demarque. Cela nécessite de la régularité, pour régler votre horloge biologique. Une horloge dont l'aiguille centrale, si j'ose dire, est le repas du midi, le plus important de la journée. Ce ne serait donc pas celui su matin (même s'il ne faut pas le sauter, puisqu'il apporte l'énergie nécessaire pour rompre le jeûne de la nuit )… Etonnant, non ? " si vous mangez tous les jours à la même heure (dans un créneau horaire d'environ 2 heures), chaque fois que vous vous réveillerez, votre organisme qui entre dans une nouvelle unité de temps saura à quelle heure vous apporterez de l'énergie. L'organisme sera rassuré, il libérera les graisse et vous ne serez pas fatigué. " L'organisme sait qu'on lui apporte de l'énergie grâce à l'augmentation de sucre dans le sang et à l'insuline libérée, suite à l'absorption de sucre. Déculpabilisez, car grâce à ça, vous ne serez plus privé de dessert ! En effet selon le Dr Demarque, il faut manger du sucre au repas afin qu'il entraîne la sécrétion de cet hormone de l'alimentation ou d'insuline. Par contre, jamais de sucre en-dehors des repas ; cela dérèglerait l'horloge biologique. Aux oubliettes, donc les collations souvent conseillées dans les autres régimes alimentaires. Fini aussi la diabolisation du sucre ! Pour le Dr Demarque, on tiendrait même là les causes, du moins en partie, de l'échec des régimes.
Le bilan énergétique journalier
Si vous ne stockez pas assez d'énergie par rapport à celle que vous utilisez pour vivre au cours de la journée, vous êtes susceptible de stocker d'avantage de graisses le lendemain pour les mêmes repas. La solution minceur ne se trouverait donc pas dans la tranche de jambon blanc (maigre !) avalée le soir… " Si vous sautez le repas du soir ou si vous mangez peu ( par exemple juste du blanc de poulet et des salades sans huiles), le bilan énergétique de la journée sera négatif et le cerveau adaptera le métabolisme général à ce manque d'apport en le ralentissant par l'intérimaire des hormones thyroïdiennes. A terme, vous développerez une hypothyroïdie. Dans le cadre d'une alimentation rythmée à trois repas, il est nécessaire de rééquilibrer l'énergie absorbée au repas du soir. Il est donc obligatoire de manger gras le soir, si l'on mange maigre à midi. "
Règles de base du régime progressif dissocié
Voici résumés quelques conseils de base glanés au fil de l'ouvrage du Dr Gilles Demarque (1), afin d'arriver à une stabilité de poids.
Nourrir la confiance en soi. L'obsession de la balance est nuisible pour l'estime de soi.
Plutôt que de chercher à perdre du poids à tout prix, il faut prendre conscience que manger, c'est alimenter la vie. Il faut faire le choix d'une alimentation vivante, naturelle et variée. Ne pas oublier également que l'objectif réel d'un régime est la stabilité. " Stabilité " ne signifiant pas " équilibre statique " (c'est à dire un poids désiré et y rester) : ce mot vient du latin stabilis qui évoque un équilibre dynamique. S'il s'agit donc de retrouver une de stabilité dans laquelle l'organisme est cap
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Mer 25 Oct - 6:35